• INTERVIEW GASPARD ULLIEL

     Gaspard Ulliel à Paris, le 3 mars 2011.

     

     

      

      

    La cordialité polie de Gaspard Ulliel masque moins une timidité qu’un mystère, une maîtrise de soi que ce jeune acteur désiré partout a ciselée depuis ses premiers pas sur un plateau, à onze ans, pour le téléfilm Une femme En Blanc. Dans Le premier cercle (sortie le 4 mars), sorte de Parrain à la française, il incarne le fils rebelle du mafioso Jean Reno. Ce Parisien pur sucre avait «envie d’un film populaire», soucieux de rester «insaisissable». Pour le cinéma, évidemment. En privé, il roucoule avec la ravissante Jordane Crantelle, attachée de presse chez Chanel. La classe.

     

    Gala: On vous a rarement vu dans un polar d’action. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle?


    Gaspard Ulliel: Oui, je n’avais vraiment jamais eu l’occasion de me frotter au genre. Faire des courses-poursuites sur la Côte d’Azur, porter un flingue, ça me ramenait un peu à l’enfance. Et puis, j’avais très envie de travailler avec Jean Reno. Il a cette allure virile, ce charisme naturel… Le rapport ambigu et conflictuel du père et du fils m’intéressait.



    Gala : Pour résumer, Le Premier cercle est l’illustration de ce que les psys appellent « tuer le père ». Cela a-t-il été votre cas?


    G. U. : Pas vraiment. J’ai toujours été un enfant assez sage, conciliant. J’ai toujours été comme ça. Mes parents racontent que, bébé, je pleurais déjà très peu.



    Gala : Que vous ont-ils apporté alors?


    G. U. : Une grande ouverture d’esprit et aux arts. Mon père est styliste de mode, il a fait un peu d’architecture au départ, un métier qui me tentait bien quand j’étais jeune. J’ai beaucoup dessiné et peint avec lui.



    Gala : Depuis quelque temps, vous êtes plus étoffé, plus mâle…


    G. U. : Oui, c’est vrai. A l’époque de Jacquou le Croquant, on m’avait clairement demandé de prendre du muscle. C’était un moment un peu charnière— j’essayais de m’affirmer dans quelque chose de plus viril. Auparavant, j’avais une image plus androgyne. Et puis, avec l’âge, mon corps change.



    Gala : Ce physique gracile, mais aussi votre rôle ambigu dans Les Egarés, d’André Téchiné, ont fait de vous une icône gay. Ça vous dérange?


    G. U. : Pas du tout. Quand je revois des photos de moi, ou même des films, j’avais quelque chose d’assez frêle… d’assez beau. J’en ai joué un petit peu…



    Gala : Est-il troublant pour un acteur de susciter le désir auprès d’un réalisateur masculin ?


    G. U. : Non, de toute façon, on est toujours l’objet du metteur en scène. S’il voit quelque chose de beau, qui l’émeut, c’est forcément bénéfique pour le film. Du moment que les choses sont claires et saines, ça ne me dérange pas.



    Gala : Souffrez-vous de votre image de beau gosse ?


    G. U. : A un moment, j’ai eu peur de n’être qu’une belle gueule pour les cinéastes. Mais pour l’instant, ça va, je ne suis pas privé de rôles intérieurs.



    Gala : Kate Moss ne serait pas restée insensible à votre charme lors des prises de vue d’une publicité pour un célèbre maroquinier…


    G. U. : Non, c’était plus rigolo qu’autre chose. Kate a une aura, une plastique impressionnante. J’étais hypnotisé. (rires)



    Gala : Vous filez le parfait amour avec Jordane. Vous avez déclaré que son emploi du temps régulier vous apaisait…


    G. U. : L’année précédente, j’ai enchaîné quatre films, ça représente quasiment dix mois de tournage. Pour tenir le coup, un acteur doit avoir une vraie ligne de conduite… Ça passe par une certaine stabilité dans le couple. Jordane part au boulot le matin, revient le soir. Je découvre une vie de couple plus normale. Ça me plaît, je suis très heureux.



    Gala : Ce n’était pas le cas avant, avec Cécile Cassel, votre précédente compagne ?


    G. U. : Si si, bien sûr. C’était quelqu’un de très stable.



    Gala : L’engagement ne vous angoisse pas?


    G. U. : Non, pas du tout. J’entends le couple comme une vraie notion de partage de la vie au quotidien.



    Gala : Néanmoins, vous appartenez depuis très jeune à l’aristocratie du cinéma. Comment garder les pieds sur terre ?


    G. U. : Quand on devient quelqu’un de public, qu’on représente l’argent, les paillettes, le succès, les gens ont tendance à vous juger à tort. Même certains proches s’éloignent de vous, parfois. Ils ont peur de déranger, ils croient qu’ils ne sont plus importants à vos yeux. Du coup, c’est à moi d’aller vers les autres.



    Gala : Avec les femmes aussi?


    G. U. : On a vite fait de tomber dans la parano. Sont-elles attirées par moi ou par mon image ? Bon, je finis par le savoir assez rapidement… Même dans le processus de drague, les rapports sont faussés d’emblée. On a tendance à croire que les femmes affluent lorsqu’on est acteur, mais j’ai parfois l’impression que c’est l’inverse. Elles n’osent pas venir, elles se bloquent, il y a une sorte de timidité, de gène.



    Propos recueillis par Guillaume Loison

     

     

     

     


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